Jack Beauregard : Et toi, tu es qui ?
Personne : Personne.
Jack Beauregard : Alors deviens quelqu’un, et reviens me voir.
Personne : On rencontre quelquefois son destin sur la route qu’on a prise pour l’éviter.
Jack Beauregard : Dis-moi pourquoi tu m’attendais assis dans la rue.
Personne : Je déteste attendre debout dans la rue.
Jack Beauregard : Tu es jeune en nombre d’années et vieux en nombre d’heures.
Personne : Est-ce que tu connais l’histoire du petit oiseau ? Mon grand-père me la racontait souvent Jack Beauregard : Devenir grand-père, de mon temps, n’était pas à la portée du premier venu.
vieux : Oh Oh ! C’était difficile jeune homme, mais pas impossible.
Personne : Il était une fois un petit oisillon qui ne savait pas encore voler. On était en plein hiver et un soir, il tombe de son nid et il se retrouve sur le sentier. Alors il se met à crier: « Pui! Pui! Pui! ». Il se fend le gosier parce qu’il meurt de froid. Pour son bonheur, voilà qu’arrive une vache. Elle le voit et veut le réchauffer. Alors, elle soulève la queue et paf! Elle pose une belle galette fumante, grosse comme ça ! Le petit oiseau, bien pénard et bien au chaud, sort sa tête et remet ça « Pui! Pui! Pui! » plus fort qu’avant… Rrrrrrr! Mais un vieux coyote arrive au triple galop. Il allonge une patte, l’extrait délicatement de son tas de merde, essuie la crotte qui le recouvre et ensuite… il n’en fait qu’une bouchée! Mon grand-père disait qu’il y a une morale à cette histoire, mais qu’il faut que chacun la trouve tout seul!
vieux : Oh Oh ! un oisillon, un coyote, une galette, moi toutes ces histoires de merde ça me fait la tête comme une callebasse !
Jack Beauregard : Les fables et leur moralité tu y crois encore ?
Personne : oui !
Jack Beauregard : A propos, j’ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait, celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué… C’est la morale des temps nouveaux. Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur et ceux qui t’en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur. Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi!
Personne : Un homme, un vrai, doit croire en quelque chose.
Mon nom est personne (1973), écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi