La Nouvelle Hypnose
Le terme « Nouvelle Hypnose » a été créé en 1979 par le sexothérapeute Daniel Araoz, en clin d’oeil à la « Nouvelle Ecole » (Bernheim, par opposition à l’Ecole de la Salpêtrière, Charcot) qui insistait sur l’importance du langage, du choix des mots (suggestions).
Cette nouvelle forme d’Hypnose innove dans bien des domaines. D’abord, c’est la première forme d’Hypnose participative. L’Hypnose Ericksonienne était « permissive » ; elle donnait l’impression à la personne qu’elle avait son libre arbitre, mais bien sûr cette liberté était restreinte aux seules options positives : on ne laissait pas la personne se remettre mal, par exemple. En Nouvelle Hypnose, on demande à la personne de participer, de choisir un souvenir qui servira d’induction, par exemple.
Daniel Araoz écrit dans le livre qui baptise la « Nouvelle Hypnose », au début des années 80, que cette forme d’Hypnose « doit beaucoup à l’Hypnose Ericksonienne, mais est complètement différente de cette dernière ».
Ernest Rossi lui-même, qui préface ce livre, explique que ses années avec Erickson l’ont préparé à la Nouvelle Hypnose, que ces années étaient une préparation à la pratique de la Nouvelle Hypnose. Ernest Rossi est d’ailleurs considéré par les historiens américains de l’hypnose comme étant le « grand-père » de la Nouvelle Hypnose (c’est en effet le premier à avoir proposé des protocoles thérapeutiques avec des étapes bien identifiées, se séparant ainsi de l’Hypnose d’Erickson, anti-théories, anti-protocoles).
Il est donc clairement posé que la Nouvelle Hypnose, bien qu’elle reprenne certaines techniques de base de l’Hypnose Ericksonienne, s’en différencie, tant en technique qu’en esprit. La seconde différence importante, après l’aspect participatif, est l’importance donnée au langage. La Nouvelle Hypnose utilise sur les observations de la PNL puis développe et améliore les spécificités de langage d’Erickson pour en faire un nouveau langage à part entière, jamais observé chez Erickson.
La Nouvelle Hypnose utilise ainsi, par exemple : le Milton-modèle (bases mises à jour par la PNL, puis améliorées en NH), la technique du « saupoudrage », les métaphores sur de multiples niveaux (seulement 2 chez Erickson, jusqu’à 7 en Nouvelle Hypnose), etc. et ajoute des techniques anciennes ou inédites : la synchro des hypnotiseurs classiques (mise à jour), le VAKOG d’Antoine de la Garanderie (1950, repris aussi par la PNL), de nouvelles inductions hypnotiques participatives, des métaphores isomorphiques (courtes, moyennes ou en conte), la communication subliminale multi-niveaux, des structures PNL améliorées pour être utilisées en hypnose, etc.
Tout cela dans un esprit moderne qui inclut les attentes actuelles, comme la préoccupation que l’on peut avoir par rapport à ses émotions, ses relations aux autres, le couple, son confort de vie, le développement personnel, etc. (toutes choses inconnues chez les hypnothérapeutes « classiques » ou chez le psychiatre Erickson).
Milton Erickson pouvait être très dominant et très directif, même lorsqu’il ne pratiquait pas l’hypnose – par exemple, en tant que médecin, c’est lui qui établissait son diagnostic et choisissait donc le but et les étapes de la thérapie (comme un médicament). Il décidait et menait la séance, quoi qu’en pense la personne (pas d’anamnèse au sens qu’on lui donne aujourd’hui). C’est ce qui a fait de lui un « thérapeute hors du commun » car il aimait jouer de techniques d’influences, souvent indirectes (hors hypnose), capables de contrer la volonté consciente et donc la résistance potentielle de la personne.
Toutefois, cette manière de pratiquer, très patriarcale, n’est plus du tout au goût du jour : plus aucun thérapeute actuel ne pratique comme le faisait Milton Erickson. Ce qui était possible à l’époque, en 1940-1950, ne « passerait » plus du tout aujourd’hui (on finirait immédiatement en procès !)… Les collègues d’Erickson, dans les années 60, trouvaient déjà ses techniques « brutales » (cf. Haley)… Notre temps est au libre arbitre de chacun, à l’autonomie et à la compréhension du sens de notre vie.
De plus, Milton Erickson pratiquait une psychothérapie « mécaniste », « médicale » dans l’esprit, c’est-à-dire qu’il réparait ce qui était cassé, sans penser à la qualité de vie de la personne et encore moins à son développement personnel, toutes choses qui sont au coeur de la psychothérapie aujourd’hui. C’était un « thérapeute-mécanicien », certes génial, mais qui ne s’occupait pas de psychologie profonde, de connaissance de soi, de qualité de vie – ni par rapport à soi-même (« être bien dans sa peau »), ni par rapport aux autres – et encore moins du sens que l’on peut donner à l’existence (« trouver un sens à sa vie »).
En Nouvelle Hypnose, les techniques « dures » d’Erickson sont abandonnées (but des séances décidé par le thérapeute seul, techniques d’influence et de manipulation, confusion du patient, inductions directes « classiques », suggestions post-hypnotiques allant contre la volonté de la personne, amnésie des séances, prescriptions de tâches à accomplir, etc.). Les principes éricksoniens ne sont plus utilisées « à la Erickson », tellement ils ont évolué et sont devenus subtils, doux et cachés (suggestions indirectes, subliminales, métaphores et symbolisme, structures thérapeutiques longues incorporées, etc.).
En Nouvelle Hypnose, on a repéré chez le « sage de Phoenix » les exceptions, les spécificités qui permettent une Hypnose « hors du commun », et on n’utilise plus qu’elles : le tout donne une manière de faire de l’Hypnose inconnue chez Milton Erickson, bien qu’une partie des « morceaux » en question proviennent de sa pratique.
La Nouvelle Hypnose, souvent encore improprement appelée « Hypnose Ericksonienne » (car le terme est connu du grand public, qui a fait d’Erickson une sorte de gourou ou de génie), est la forme d’hypnose thérapeutique la plus pratiquée aujourd’hui avec l’Hypnose Humaniste, y compris d’ailleurs par les hypnothérapeutes qui se qualifient eux-mêmes « éricksoniens ».
source IFHE (Institut Français d’Hypnose Humaniste et Ericksonienne)